Aviron : Christian Vandenberghe, président rassembleur

Élu à la tête de la Fédération Française d’Aviron avec 67,83% des voix le 5 décembre dernier, Christian Vandenberghe compte bien donner un nouvel élan à son sport de prédilection. Et pour cela, l’ancien rameur international souhaite donner la parole à tous les acteurs de terrain, pour que tout le monde œuvre dans la même direction.

Le changement, c’est maintenant pour la Fédération Française d’Aviron. Après les 17 ans de présidence de Jean-Jacques Mulot, qui ne se représentait pas, un vent nouveau souffle donc sur l’aviron tricolore. Et si dans les années 1970, Jean-Jacques Mulot et Christian Vandenberghe, internationaux tous les deux, étaient dans le même bateau, cette fois, le second a pris la place du premier à la tête de la Fédération. Le Nordiste, qui a donné ses premiers coups de rame à l’Union Nautique de Lille, a été élu président avec plus de deux tiers des voix (67,83%) face à son concurrent Didier Marchandeau, trésorier de l’équipe sortante. Sur les 28 membres de l’équipe qui entourait Christian Vandenberghe, 24 ont été élus au comité directeur fédéral. Un plébiscite. « Jean-Jacques était mon coéquipier quand j’étais en équipe de France, on a ramé ensemble. Nous avons été sélectionnés ensemble aux championnats du monde de 1975, on se connaît très bien », explique le nouveau président.

Pour autant, Christian Vandenberghe ne cache pas son désir d’impulser un nouvel élan à l’aviron français. « Il va y avoir du changement. C’est une nouvelle vision du sport, une nouvelle vision de la mutation sociale que l’on subit tous, et une nouvelle façon de voir le développement de la pratique de l’aviron dans notre pays », détaille-t-il. Et pour que l’aviron accentue son développement, le président de la Fédération Française d’Aviron compte bien impliquer un maximum d’acteurs, sur l’ensemble du territoire : « Les décisions seront prises en commun. Contrairement à mon prédécesseur, je ne travaille jamais seul. J’ai été chef d’entreprise, j’ai monté de nombreuses entreprises, et j’ai toujours travaillé en équipe. J’écoute beaucoup, je ne considère pas que j’ai la science infuse, et ensuite, on prend une décision commune. Je suis un homme qui construit des ponts, jamais des murs. » Ce travail d’équipe, Christian Vandenberghe l’a déjà effectué en amont, lors de la campagne. Pas moins de 26 webinaires ont été organisés avec 17 régions, pour un total de 48 jours de concertation avec plus de 400 élus locaux, coachs, acteurs et actrices de terrain. « On a beaucoup échangé avec les territoires, et on n’a oublié personne », se félicite « VDB ».

« Travailler avec tout le monde, en toute transparence »


Ce marathon de rencontres a porté ses fruits, puisqu’il a permis au projet de s’enrichir. « Concernant le projet fédéral, 80% viennent de notre réflexion initiale, puisque avec mon équipe, nous avons commencé à travailler dessus deux ans avant l’élection, en 2018. Mais les 20% restants proviennent de ces échanges avec les territoires. C’est un bel enrichissement », explique Christian Vandenberghe. L’union fait la force, et cet amateur de dictons et de proverbes, « le bon sens populaire », l’a très vite compris. La FFAviron souhaite « vraiment travailler en toute transparence avec les présidents des ligues régionales et avec les cadres techniques », insiste le nouveau président. « Il y aura beaucoup plus d’échanges avec les territoires. J’en avais assez d’entendre : « C’est encore la Fédé qui a fait ça, nous on ne veut pas le faire en région ». La concertation régulière évite tout ça. »

L’action de terrain, Christian Vandenberghe connaît ça très bien. Après une carrière internationale et après avoir monté beaucoup d’entreprises (dont la première à 24 ans), il a repris l’aviron en septembre 1992. « J’ai pris ma licence à Mantes-la-Jolie. Et dès 1993, j’ai été élu au Bureau. J’ai été président de la commission sportive, puis vice-président. Dix ans plus tard, en 2003, j’ai été élu président du club de Mantes-la-Jolie, et je le suis resté jusqu’en 2017. Entre temps, j’ai été élu président de la Lifa (Ligue d’Île-de-France d’aviron) en 2013, et j’ai également pris la présidence de la zone Nord-Ouest (Île-de-France, Normandie, Bretagne, Pays de la Loire et Centre). J’ai été réélu à la tête de la Lifa en novembre dernier, j’ai démissionné début janvier pour laisser la place à Frédéric Andolfi », détaille le nouveau patron de l’aviron français. Homme de réseaux – il a notamment créé deux clubs d’entreprises, son passage à la tête de la Lifa a été notamment marqué par une augmentation du nombre de licenciés, un budget de fonctionnement en hausse, l’organisation de nombreux événements, l’ouverture du pôle régional de Vaires-sur-Marne et d’un centre de formation des cadres et professionnels.

Des pistes de développement multiples

Les équipes sont déjà au travail, et les chantiers sont nombreux. « On va prioriser, il y a tellement de choses à changer qu’on ne peut pas le faire d’un claquement de doigts », explique le président de la FFAviron. Avec son comité directeur dont la moyenne d’âge a été rajeuni d’une dizaine d’années, les ambitions sont grandes. « Nous allons continuer à accélérer sur l’Indoor et sur l’aviron de mer. Je vais tout faire pour que l’aviron de mer soit reconnu sport de haut niveau. C’est extrêmement important. Nous allons également mettre l’accent sur l’aviron santé et le sport sur ordonnance. Nous voulons développer l’aviron féminin même si nous avons déjà 42% de femmes parmi nos licenciés. Je voudrais la parité. Il ne faut pas oublier non plus l’aviron scolaire. Notre Fédération doit poursuivre ses actions pour la pratique chez les jeunes », détaille Christian Vandenberghe, qui prône l’aviron pour toutes et pour tous. Sans oublier, évidemment, les prochains Jeux Olympiques et Paralympiques de Tokyo cette année et de Paris en 2024, où les équipes de France voudront briller. Avec une bonne nouvelle, en plus, pour le clan tricolore : « Les poids légers, qui devaient être supprimés pour Paris 2024, sont finalement maintenus. C’est important. Pierre Houin est jeune, il peut aller jusqu’à Paris. Laura Tarantola aussi est jeune. Je compte sur eux, ils peuvent obtenir des médailles. »

Retrouvez l’ensemble du dossier sur l’aviron français avec les interviews de Matthieu Androdias, Hélène Lefebvre, Perle Bouge, Anne Tollard, Michel Andrieux, Ferdinand Ludwig et Audrey Feutrie.

Simon Bardet