ASVEL : Le haut du panier ?

En lice pour le titre de champion de France en début d’année, l’ASVEL a vu son élan coupé par la Covid-19. Une pandémie qui continue, encore aujourd’hui, de freiner le club rhodanien, pourtant plus ambitieux que jamais.

Rageant. Deuxième de Jeep Élite (à égalité avec Monaco et Dijon) au moment de l’arrêt des compétitions, l’ASVEL n’a donc pas été en mesure de se battre jusqu’au bout pour le titre de champion de France. Titré en 2019, le club rhodanien n’a donc pas pu réaliser la passe de deux et coiffer la vingtième couronne de son histoire. « C’est vraiment dommage, nous étions bien partis pour essayer de défendre notre titre », explique Gaétan Muller, président délégué de l’ASVEL. « On faisait une super première année en Euroligue, avec 10 victoires en 28 matchs, avec une nouvelle énergie vraiment excitante. Cette pandémie est arrivée, mais il faut aller de l’avant, car cette saison est déterminante, peut-être la plus importante. » Une nouvelle saison pour laquelle l’ASVEL a décidé de chambouler son staff. En effet, depuis le mois de septembre, c’est T.J Parker, frère de Tony (président du club), qui est assis sur le banc en tant que coach principal, assisté de l’expérimenté Frédéric Fauthoux. « L’idée est de créer un vrai binôme avec Frédéric Fauthoux, de travailler en équipe. Le mot d’ordre reste inchangé, tirer le meilleur de chaque membre du staff. C’est une très belle récompense pour moi et ma motivation, c’est de ramener des résultats », confie le principal intéressé. Aux yeux de Gaëtan Muller, « il était important de prendre le temps de la réflexion. Il a fallu consulter, échanger et regarder ce qui se faisait à l’extérieur. C’était un choix naturel pour le club. T.J est au club depuis sept ans. S’il n’avait pas été le frère de Tony, il aurait semblé logique qu’un assistant puisse devenir coach après sept ans, non ? Quelque part, on a respecté la logique. » Complété par Bryan George, technicien vidéo de l’équipe de France, et par Morgan Belnou, plus jeune coach professionnel en France, ce nouveau « coaching staff » version 2020/2021 a fière allure et peut espérer exaucer le souhait de Tony Parker : décrocher des trophées.

Le meilleur effectif de France

L’effectif s’est également renforcé. Sous les ordres du staff 100% français, ce sont Norris Cole, ancien double champion NBA avec Miami, Allerik Freeman et Kevarrius Hayes, qui sont venus garnir les rangs de l’ASVEL. Un recrutement ajouté aux prolongations de David Lighty, Guerschon Yabusele, Ismael Bako et Matthew Strazel, qui ont tous consentis à des efforts financiers en cette période compliquée. Cependant, l’impact de la Covid-19 n’a pas lâché le club rhodanien aussi facilement. Après un début de saison mitigé marqué par deux succès et deux défaites lors des quatre premières journées de Jeep Elite, la pandémie est venue décimer les rangs du club champion de France 2019. Au cœur du mois d’octobre, ce sont onze cas positifs à la Covid-19, dont le coach T.J Parker, qui sont venus perturber la saison de l’ASVEL. Des cas intervenus au plus mauvais moment, alors que le club rhodanien s’apprêtait à entamer la nouvelle saison d’Euroligue. « Face au Panathinaïkos, nous n’avions que neuf joueurs à disposition », constate Gaëtan Muller. « Nous voulions isoler l’ensemble de l’effectif, mais nous restons encore une fois tributaires des compétitions auxquelles nous participons. » Une vague de cas positifs qui était intervenue deux jours après l’imbroglio autour du meneur américain Norris Cole. Ce dernier avait pris part aux 40 premières secondes de la rencontre de Jeep Élite sur le parquet de Cholet. Tout cela quelques minutes après que le club a appris son test positif à la Covid-19.
 

 

L’ombre de la Covid-19 plane sur le club

Un virus qui ne laisse donc pas de répit à l’ASVEL depuis l’entame de la saison. Comme dans les autres sports, le club rhodanien a vu sa jauge de spectateurs être réduite à 1000 personnes, en raison du contexte sanitaire lié à la Covid-19. « C’est une nouvelle très dure pour nous. On l’a pris de manière compliquée », avoue Gaëtan Muller. « On ne peut pas faire grand-chose, on n’est pas maîtres de notre destin là-dessus. Il y a un respect absolu des mesures décidées par l’État. Mais passer d’une jauge de 5000 spectateurs autorisés à seulement 1000 est catastrophique. De notre côté, on s’était mis en ordre de bataille pour pouvoir accueillir 3600 personnes dans le respect du protocole, des normes sanitaires et des distanciations. On a mené une campagne d’abonnements positive. On s’était donné les moyens de pouvoir reprendre dans des conditions économiques correctes. » Finalement, rien de tout ça. L’ASVEL, comme les autres clubs, subit et s’inquiète forcément de l’avenir. « L’impact déprendra de ce qui se passera pendant la saison, de combien de temps cette situation durera, mais je peux d’ores et déjà dire qu’on peut assez vite se situer entre un 1 million et un 1,5 million d’euros de pertes. Car l’impact n’est pas seulement sur la billetterie. Il y a le merchandising, la restauration… Et puis à mille spectateurs, on est confronté à un autre problème : comment choisir qui, des abonnés, partenaires et supporters, peuvent venir à l’Astroballe ? Tout le monde a répondu présent, mais c’est un vrai dilemme, et c’est terrible pour les gens qui nous soutiennent. »

Main dans la main avec OL Groupe

Malgré ces obstacles à son développement, l’ASVEL continue d’avancer, contre vents et marées. Depuis l’arrivée de Tony Parker en 2014 en tant qu’actionnaire majoritaire, le club rhodanien a connu un développement spectaculaire. En 2018, LDLC s’est investi pour dix ans en tant que partenaire titre et soutien majeur du club. Depuis 2019, l’ASVEL dispose d’une académie avec des salles de cours, des terrains de basket et un mini-campus étudiant de 400 places. Également depuis 2019, l’ASVEL rêve plus grand au côté de l’Olympique Lyonnais. L’OL Groupe apporte plus de 3 millions d’euros au capital de l’ASVEL pour un peu plus de 20 % des parts, avec un engagement conséquent en tant que partenaire. OL Groupe injecte 2,5 millions d’euros par an pendant cinq ans. Dernier gros coup en date, l’arrivée d’Adidas en tant qu’équipementier depuis le début de saison. « C’est une grande fierté de devenir partenaire de ce géant de l’équipementier sportif qui, comme notre club, a su traverser les difficultés et les époques en se maintenant en permanence en haut de l’affiche. Avec cette marque puissante et créative, nous nous garantissons un merchandising de qualité pour l’équipe et nos fans. Ce partenariat renforce notre position de club de référence en France et nous installe aux côtés d’autres grands noms du basket européen », assure Gaëtan Muller. Rivaliser avec des références comme le Real Madrid, le Bayern Munich, le CSKA Moscou ou encore le Panathinaïkos : voilà l’ambition de l’ASVEL. Une volonté de voir grand sans doute accompagnée d’un déménagement, l’OL Arena et ses 16 500 places étant toujours espérées pour 2023.

Par Olivier Navarranne