Annette Coupat : « C’est juste une étape enrichissante »

Sylvain Lartaud

La jeune skieuse de fond de la Loire, championne de France U18 l’an dernier à Bessans (elle aura 18 ans en février), participe aux Jeux olympiques de la jeunesse d’hiver (JOJ) qui se déroulent jusqu’au 1er février en République de Corée. Fidèle à son petit club du Bessat Sports d’hiver (BSH), dans le Pilat, bien moins connu que les clubs des Alpes ou du Vercors mais dans lequel toute la famille Coupat est impliquée.

Comment se présente cet événement ?

J’ai déjà eu une expérience d’une compétition internationale l’année dernière lors des FOJ, les jeux européens. Je connais déjà un peu comment ça se passe. D’ailleurs, je l’aborde avant tout comme une expérience à vivre avec l’envie de découvrir et de me faire plaisir, de m’amuser et de me donner à fond sur les différentes courses en ski classique et en skating. Cela se joue sur différents formats : cette année, en skating, c’est un sprint avec des courses à élimination (quart de finale, demie et finale) et en classique, c’est un individuel, comme un contre-la-montre.

Comment s’étaient passés les FOJ ?

J’étais tombée malade là-bas, une angine, je n’avais pas pu participer à toutes les courses. J’avais couru les deux premières, uniquement. J’étais un peu déçue. Sur la première, j’avais pu défendre mes chances et j’avais fini 14e. Après, non, je n’étais pas en forme. Malgré cela, l’expérience avait été géniale à vivre.

Vous allez en Corée avec l’espoir d’obtenir de meilleurs résultats ?

Disons que ce ne sera plus le niveau européen mais le niveau mondial, je ne sais donc pas où me situer par rapport aux autres concurrentes. Donc j’y vais pour faire le meilleur résultat possible, ce sera ma première compétition internationale. Mais difficile de dire que je vise tel ou tel classement.

Comment vous situez-vous par rapport aux autres athlètes de votre catégorie en France ?

En U18, il n’y a pas d’équipe de France. Ce sont plus des sélections par régions. C’est sur le circuit de la Coupe de France que je me confronte à toutes les Françaises de ma catégorie : il y a vraiment une bonne concurrence, cela permet d’élever son niveau, et en plus il y a une bonne ambiance entre nous, c’est cool. Nous étions en stage la semaine dernière à Prémanon (Jura) pour préparer ces JOJ avec les 5 autres sélectionnées et avec le staff des Bleus et ça s’est très bien passé.

Dans l’intitulé Jeux olympiques de la jeunesse, il y a Jeux olympiques. Cela vous inspire quoi ?

Forcément, je suis contente d’y aller. Mais c’est plus autour qu’on va sentir que c’est une grosse organisation : il y a une cérémonie d’ouverture, une cérémonie de fermeture, tous les « trucs » liés aux Jeux olympiques. Mais après, je ne me dis pas non plus : ça y est, c’est fini, t’es allée aux Jeux olympiques de la jeunesse. Cela n’a rien d’une consécration, c’est juste une étape enrichissante !

Vers quoi ?

Vers le plus loin possible (rires). J’espère plus tard participer aux Jeux olympiques, ce serait un rêve. Mais je n’y pense pas non plus tous les jours et en 2026 (pour Milan-Cortina), je serai trop jeune, je serai encore junior. Je prends les choses comme elles viennent.

Parmi les « trucs » des JO, il y aura des médailles à ces JOJ…

Oui, mais je n’y pense pas trop. S’il doit y avoir une médaille, c’est cool. Ce serait vraiment un plus et je serais super contente. Mais si elle n’est pas là, ce ne sera pas un drame non plus. Ça ne m’arrêtera pas ! (rires) Je vais tout donner et puis on verra bien ce que ça donne.

Votre maman, Élisabeth, a participé aux JO…

Oui, en 1994, à Lillehammer (Norvège). Elle nous a toujours raconté, à mon frère (Sabin), ma sœur (Liv) et moi, quand on était petit, comment elle a vécu les JO (NDLR : un article orne un des panneaux du local du club). Après, ce n’est pas un sujet de discussion qui revient très souvent. Même si évidemment elle était contente pour moi quand elle a appris ma sélection pour les JOJ.

Est-ce qu’il y a une volonté chez les enfants Coupat de renouer avec ce passé familial ?

Pas plus que ça ! On ne se dit pas, il faut absolument qu’on fasse les JO parce que maman les a faits. On suit chacun notre parcours, si on a envie d’arrêter parce qu’on a d’autres projets, on arrêtera. Ce ne sera pas la fin du monde si on n’a pas été à son niveau ou plus forts. On ne se met pas la pression entre nous à se dire : « il faut absolument qu’on suive les traces de la famille, etc ». Ce n’est pas notre vision des choses…

Quelle est votre vision des choses et votre ambition personnelle ?

C’est de continuer à fond dans le ski de fond. Je ferai en sorte de pouvoir aménager mes études dès l’an prochain, après mon bac. J’hésite entre une licence de psycho et une licence de STAPS, sans doute à Grenoble, là où sont déjà mon frère (en master informatique) et ma sœur (en licence de lettres). C’est une fac très bien aménagée pour les sportifs de haut niveau et en plus la neige n’est pas loin (dans le Vercors ou en Chartreuse) !

Et en ski ?

Je veux continuer ma progression et essayer de me qualifier pour les Championnats du monde juniors qui auront lieu l’année prochaine (à Schilpario, en Italie).

Tout en restant fidèle au BSH (Bessat Sports d’hiver) ?

Oui, on a toute notre famille ici, mon grand-père maternel était au club, mon père en est actuellement le président. Le Département de la Loire nous aide beaucoup, dans le sport, c’est important. Il n’y a pas trop d’intérêts de partir, on aime bien être ici. C’est chez nous quoi !

Sur les courses, votre club fait figure de petit poucet parmi les clubs des Alpes ou ceux du Vercors…

(rires) Oui, c’est vrai ! On est un tout petit club, il n’y a personne qui vient d’ici à part nous. Parfois, les gens nous demandent : « mais vous venez d’où en fait ? » (rires) Ça peut être mes concurrentes ou des gens que je croise quand je fais du ski dans les Alpes et qui voient ma tenue. Les speakers des courses, généralement, ils connaissent ; mon frère et ma sœur sont passés avant moi. Moi, je leur réponds qu’on n’est pas loin de Saint-Étienne. On ne fait pas partie des gros comités comme en Savoie ou Haute-Savoie mais venir d’un petit coin où il n’y pas forcément beaucoup de neige, ça n’empêche pas de pouvoir réussir aussi.

Quelles sont vos conditions d’entraînement ?

Je m’entraîne une à deux fois par jour quand je ne suis pas au lycée, soit seule soit avec mes parents. En ce moment, il y a de la neige, c’est cool. Quand il n’y en a pas assez, on va dans les Alpes, on a un pied à terre aux Saisies (Savoie) et à Autrans, dans le Vercors. Sinon, de temps en temps, je suis obligée de ressortir les skis à roulettes (rires), ça nous arrive une ou deux fois dans l’hiver.

Comment avez-vous commencé le ski ?

On a toujours habité là, juste au-dessus du Bessat donc c’était facile. Dès qu’on a su marcher, nos parents nous ont mis sur les skis, cela s’est fait naturellement. On a toujours skié en famille. Et puis, j’ai commencé la compétition régionale et puis nationale dans la foulée de mon frère et de ma sœur. J’aurais pu faire du biathlon mais chez nous, c’est compliqué, il n’y a pas d’infrastructures, il aurait fallu que je parte dans les Alpes ou dans le Vercors mais je n’ai jamais vraiment eu envie d’en pratiquer. Le ski de fond, c’est ce qui m’a toujours plu. Après, j’ai fait d’autres sports à côté, de la danse, du vélo, de la course à pied et plein de sports outdoor, comme la course d’orientation (NDLR : son père a été athlète de haut niveau et est aujourd’hui entraîneur à la fédération et responsable du pôle France Loire). Mon frère a même pratiqué jusqu’à 17-18 ans course d’orientation et ski de fond mais avec ma sœur, on était plus branchées ski.

Propos recueillis par Sylvain Lartaud