Angélique Gonzalez : « Mon rêve de participer aux JO devient accessible »

EMP Lutte

Après moins d’un an de pratique de la lutte, la jeune Lyonnaise de 21 ans venue du judo participe ce week-end à une épreuve de Coupe du monde de beach wrestling (lutte sur sable ou lutte de plage) à Katerini, en Grèce. Une discipline qui pourrait devenir olympique pour les femmes en 2028.

Dans quel état d’esprit abordez-vous cette étape de Coupe du monde ?

« Je suis très contente, c’est ma première, donc ce sera une grande découverte. J’espère ramener une médaille, c’est l’objectif. L’or, ce serait super mais si je termine sur le podium, ce serait bien aussi. D’autant que c’est ma première année de lutte libre.

Vous venez de commencer la pratique ?

En septembre dernier, oui. C’est une amie du pôle Espoir de Lyon de judo, Emma Mlynarski, qui m’a fait découvrir ce sport. Je fais du judo depuis toute petite et on m’a toujours dit que je pratique un judo de lutteur. À la suite de la crise du Covid, je m’étais éloignée des tatamis, même si j’étais toujours licenciée dans mon club du Judo Ouest Grand Lyon. J’ai fait un essai au club de Lyon Saint-Priest Lutte et j’ai tout de suite aimé. Au départ, j’ai trouvé ça très physique. Puis j’y ai pris goût, cela ressemble énormément au judo mais avec une différence notable : au judo, il y a très peu d’attaques aux jambes, c’est basé sur le haut du corps alors qu’en lutte, il n’y a pas de règles sur les techniques, on peut tout faire. On est libre de ses mouvements, et ça j’aime bien.

D’autant que les résultats ont suivi !

C’est vrai, je suis devenue vice-championne de France seniors de lutte libre en mai à Besançon. Les membres de l’équipe de France attendent de voir l’an prochain pour une confirmation car c’est seulement ma première année de lutte. C’est surprenant, après quand on connait mon parcours de judokate, cela permet de mieux comprendre. Quand on est judoka, on a plus de facilités en lutte.

Vous avez continué aussi sur le sable en beach wrestling.

Oui, cette fois j’ai remporté le titre de championne de France. C’était à Balaruc-les-Bains le 25 juin. En beach, le staff de l’équipe de France a contacté le président de mon club, Ramzi Jendoubi, pour se renseigner sur moi et ensuite, ils ont décidé de me prendre. J’ai appris ma sélection la semaine dernière. Je pars ce jeudi en Grèce avec deux autres jeunes de mon club : Nahim Chelit (U20) et Djalidson Madi (U17). Au-delà de la médaille, l’objectif, c’est de participer à l’autre épreuve de Coupe du monde programmée en Roumanie en septembre et d’intégrer durablement les Bleues.

Le beach wrestling, c’est une ambiance à part ?

Oui, les compétitions se font en bord de mer, le cadre est superbe, ça motive. Il y a une belle ambiance avec de la musique et des spectateurs curieux de découvrir ce sport. J’ai vécu cela pour la première fois à Balaruc, j’ai vraiment aimé. Je trouve le concept cool, ça rassemble.

Comment vous prenez tout ce qui vous arrive ?

Je suis un peu surprise, je ne pensais pas que ce soit possible. Depuis le mois de février, je suis la seule fille au club, je m’entraîne uniquement avec les garçons, je progresse bien. Les gars sont vraiment contents pour moi, ils espèrent aussi que je vais ramener une médaille. Ils n’arrêtent pas de me chambrer en me disant que si je la décroche, ce sera grâce aux boîtes (sic) qu’ils me mettent à l’entraînement (rires).

Combien de fois vous entraînez-vous par semaine ?

Quatre jours, du lundi au jeudi et le vendredi je continue un entraînement de judo. Deux fois par semaine pendant 1 heure, je travaille spécifiquement la technique avec ma coach Anissa Bouguessa, qui s’occupe de la section féminine du club et m’a beaucoup aidée à progresser sur ce plan. Mon entraîneur Giorgi Jikuri m’a bien préparé physiquement. Il est d’origine géorgienne, il connaît donc bien la lutte !

Qu’est-ce que ces résultats vous donnent comme perspectives ?

J’ai clairement envie de continuer et d’aller plus loin. Surtout en vue des JO de 2028 à Los Angeles où le beach wrestling va devenir discipline olympique pour les femmes. Chez les hommes, la lutte gréco- romaine et la lutte libre sont au programme mais chez les femmes, seule la libre est aux JO. Le sable va donc être rajouté uniquement pour les femmes.

Cela vous offre donc un immense challenge ?

Ah oui, c’est sûr ! Participer aux JO, franchement c’était un rêve de gamine en judo. Quand je voyais Teddy Riner, Amandine Buchard ou Clarisse Agbegnenou à la télé, je voulais moi aussi y aller. Mais en judo, il y a beaucoup de concurrence. Je reporte mes rêves de participer aux JO en lutte, cela devient plus accessible. À condition d’être régulière à l’entraînement et de performer en compétition. Et en espérant marquer mon territoire en équipe de France.

Qu’est-ce que vous faites à côté ?

Je suis étudiante, je viens de valiser un BTS NDRC (négociation et digitalisation de la relation client) et j’intègre en septembre l’IAE Lyon 3 pour une licence pro métiers de la vente en B2B. »

Propos recueillis par Sylvain Lartaud