Amélie Oudéa-Castéra : « Important d’être au cœur de l’action gouvernementale » (1/3)

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Dans un entretien exclusif (partie 1/3), la ministre des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques revient sur son parcours et dévoile son plan pour faire de la France une nation plus sportive. Amélie Oudéa-Castéra évoque également ses ambitions pour faire briller la France lors des JOP 2024 à Paris.

Pourquoi avoir accepté le rôle de ministre des Sports ?

Cela fait longtemps que j’ai envie de m’investir dans la politique publique du sport. J’ai créé en 2018 une association, Rénovons le sport français, qui a été le début de cette aventure, de mon investissement, même si j’avais déjà eu des mandats de dirigeante sportive bénévole. Par la suite, mon choix de quitter Carrefour, où j’avais un super job et une super situation, pour aller prendre la direction générale de la Fédération Française de Tennis, c’était un choix de passion pour le sport. J’ai vraiment adoré ma mission à la FFT, cela m’a confortée dans l’idée que mon vécu professionnel – à la fois dans le domaine public et dans le domaine de l’entreprise – croisé avec mon expérience personnelle du tennis, du sport à haut niveau, était un cocktail formidable pour arriver à m’exprimer.

Quand on m’a proposé de m’investir dans la campagne d’Emmanuel Macron en novembre 2021, j’ai accepté, et cela a été un moment de bascule. J’ai d’abord préparé le terrain, avant qu’Emmanuel Macron ne soit officiellement candidat, en allant à la rencontre de tout l’écosystème sportif. J’ai rencontré plus de 200 personnes. Quand Emmanuel Macron a été candidat, les choses se sont accélérées, puisque j’ai coordonné le groupe de travail technique qui avait été mis en place sur le sport. J’avais aussi une casquette d’ambassadrice société civile pour le sport. J’ai pris très à cœur cette mission, je m’y suis investie pleinement, et j’ai dû faire du bon travail puisque Emmanuel Macron et Elisabeth Borne ont pensé à moi au moment de la formation du gouvernement.

Vous êtes également ministre des Jeux olympiques et paralympiques, en quoi cela consiste-t-il ? Comment travaillez-vous avec Tony Estanguet, qui est la figure de ces JOP 2024 en France ?

C’est à la fois formidable d’avoir un ministère de plein exercice, qui combine sport et Jeux olympiques et paralympiques (J.O.P.). Cela me permet d’utiliser la dynamique des J.O.P. pour renforcer la place du sport en France, le mettre au contact de la jeunesse, l’utiliser pour la santé de nos concitoyens, et l’inclure dans des thématiques d’inclusion sociale. Le fait d’avoir ce rôle de ministre des Jeux me permet également de travailler plus en symbiose avec les fédérations sportives et avec le Comité National Olympique et le Comité Paralympique sur la préparation de haut niveau de nos athlètes. Je travaille aussi avec le CNOSF, le CPSF et Paris 2024 autour, par exemple, de la mobilisation des volontaires, que l’on va aller puiser aussi au contact des bénévoles sportifs.

Ce rôle me permet d’être vraiment au cœur de l’écosystème des acteurs qui préparent les Jeux, dans une relation de confiance avec Paris 2024, et notamment Tony Estanguet, que je connais maintenant depuis près de cinq ans. L’ambition est forte pour ces Jeux, nous voulons qu’ils puissent faire rayonner la France et rendre fiers les Français. Nous voulons des Jeux très responsables, avec un engagement écologique de premier plan, et des Jeux organisés de manière la plus irréprochable possible, ce qui suppose une coordination ministérielle et un engagement politique de premier plan.

Et puis, je peux jouer ce rôle fédérateur auprès de mes collègues du gouvernement, sous l’autorité de la Première ministre, qui sont également des acteurs clés du dispositif aux côtés de Paris 2024, du CNOSF, du Comité Paralympique et Sportif Français (CPSF), de l’ensemble des fédérations sportives qui travaillent sur la haute performance pour aller chercher les médailles, et du monde économique, incarné par ces sponsors qui vont nous aider à faire de ces Jeux, de grands Jeux. J’ai également envie de citer les collectivités territoriales, puisque à travers mon rôle politique au sein du gouvernement, j’entends avoir des relations de travail les plus harmonieuses possibles avec elles, qu’il s’agisse de la Ville de Paris, du Conseil régional d’Île-de-France, et de la Métropole du Grand Paris.

Il y a en outre les autres collectivités hôtes, le Conseil départemental de Seine-Saint-Denis, la ville de Saint-Denis, Marseille et les autres villes qui accueilleront des épreuves : Châteauroux, qui va très certainement accueillir l’épreuve de tir, Lille, qui accueillera probablement l’épreuve de basket… Nous sommes dans les derniers mètres de la confirmation de cette décision. Il ne faut pas oublier la Polynésie française, avec Teahupoo, qui va accueillir l’épreuve de surf, ni la grande cinquantaine de collectivités d’ores et déjà embarquées dans le relais de la flamme ou toutes celles impliquées dans l’organisation d’événements à travers les territoires labellisés Terres de Jeux ou Centres de préparation des Jeux. Ces centres ont vocation à accueillir des délégations françaises ou étrangères, qui se réuniront pour préparer les épreuves.

Lors du dernier quinquennat, la tendance était à un affaiblissement des Sports au gouvernement, mis sous tutelle de l’Education nationale, avec l’Agence nationale du Sport dans un rôle central dans la gouvernance du sport. C’était capital que le ministère des Sports retrouve sa pleine mesure ?

C’est bien sûr important d’être au cœur de l’action gouvernementale et interministérielle, mais les années que l’on a connues ne sont pas du tout des années perdues. Des liens ont été tissés dans les territoires avec les services de l’Education nationale, et j’en bénéficie aujourd’hui. L’imbrication entre mes services et ceux de l’Education nationale continuera, car nous avons forgé des habitudes de travail en commun, et une capacité à prendre des initiatives fortes pour la pratique sportive de notre jeunesse. Je pense à des dispositifs comme le Pass’Sport, et Génération 2024, qui récompense un peu plus de 7000 établissements ayant réussi à créer des passerelles entre leurs classes et des clubs sportifs. Il y a également la généralisation des 30 minutes d’activité physique quotidienne dans les écoles, et ce qu’on est en train de construire au cours de l’année scolaire 2022-2023 : expérimenter deux heures de sport hebdomadaires en plus pour les collégiens dans certains territoires. C’était une promesse de campagne du candidat Macron.

Toutes ces initiatives ont bénéficié de cette collaboration rapprochée avec le ministère de l’Education nationale et de la Jeunesse. C’est un acquis qui nous fait gagner du temps et qui nous donne de l’élan pour ancrer ces politiques sur le territoire. Dans le même temps, on accélère sur d’autres dimensions, notamment autour du sport santé avec le ministère de la Santé et de la Prévention, autour de la pratique des personnes en situation de handicap avec le ministère chargé des Solidarités et du Handicap, et autour de la transition écologique pour accélérer la feuille de route du sport sur cet enjeu, en collaboration étroite avec la ministre de la Transition énergétique et le ministre de la Transition écologique. Le fait d’être un ministère de plein exercice me permet de travailler plus facilement la dimension interministérielle de ces thématiques, que l’on veut loger au cœur de l’héritage des Jeux de Paris 2024.

Retrouvez la 2e partie de l’interview d’Amélie Oudéa–Castéra : « Le COJO doit poursuivre ses efforts de recherche de sponsors »

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