Alice Bodeveix : « Je suis toujours sur mon petit nuage »

Alice Bodeveix

À 28 ans, Alice Bodeveix a décroché son premier titre de championne du monde en Savate boxe française. Une consécration pour la tireuse tricolore, qui se confie sur ce que cette médaille d’or représente pour elle.

Alice, que représente ce titre mondial pour vous ?

Ce titre de championne du monde, c’était un objectif que j’avais en tête depuis très longtemps. Je suis allée au bout de cet objectif et c’est quelque chose de très fort pour moi. Au début, quand j’ai commencé la Savate, c’était comme un rêve inatteignable. Je ne pensais pas du tout y parvenir. Je suis très fière d’avoir tenu bon, ce n’était pas facile. Émotionnellement, cette finale a été un moment très fort. Mes proches étaient là, mes copains de club aussi, c’était un moment très spécial. J’avoue que j’ai encore un peu de mal à réaliser, je suis toujours sur mon petit nuage (rires).

Comment avez-vous vécu cette préparation, tous ces mois avant cette finale mondiale ?

Je dois avouer que ça a été très long. J’ai commencé les stages avec l’équipe de France au mois d’avril, lorsque l’on m’a proposé de faire partie de l’équipe de France. Tous les mois, on se rendait au CREPS de Toulouse pour un stage afin de préparer le tournoi qualificatif qui se déroulait en Croatie fin juillet. C’était une période intense, avec un entraînement tous les soirs après mon travail. C’était dur de tenir ce rythme sur le long terme.

« Prendre part aux stages équipe de France m’a fait énormément progresser »

Vous cumulez vie professionnelle et carrière sportive. Ce titre de championne du monde va-t-il changer quelque chose à cet équilibre ?

D’un point de vue professionnel, ça ne va rien changer. J’aime mon métier, j’aime aussi la Savate, mais en vivre est impossible aujourd’hui, même avec un titre de championne du monde. Les Jeux Olympiques vont arriver l’année prochaine, mais nous ne sommes pas une discipline olympique. La Savate demeure peu médiatisée en France.

En France, la densité est très importante chez les tireuses. Cette densité vous a-t-elle également permis de parvenir sur le toit du monde ?

C’est certain, la France est la meilleure nation mondiale en Savate boxe française. Il y a de grands champions dans chaque catégorie. Rien que le fait de parvenir au niveau Elite et de participer aux championnats de France, ça dit déjà beaucoup de choses de notre niveau. J’ai pu le voir lors des stages avec l’équipe de France, le niveau est exceptionnel avec des champions du monde et d’Europe de tous les côtés. Prendre part à ces stages m’a fait énormément progresser.

« Ça me plairait d’aller chercher le titre de championne de France Elite »

Après ce titre mondial, allez-vous partir à la conquête du titre de championne de France en 2024 ?

C’est une bonne question, une question que l’on me pose beaucoup (rires). Je me laisse un peu le temps d’y réfléchir. Bien sûr, j’ai envie de continuer, j’aime trop ça pour arrêter. Mais je me dis que j’aimerais par exemple faire un peu plus de galas en Savate Pro. C’est un format qui se démocratise de plus en plus et qui permet de défier des combattants d’autres disciplines. Je pense quand même que ça me plairait d’aller chercher le titre de championne de France Elite, en Combat, même si l’objectif ultime, c’était ce titre de championne du monde.

Ce titre de championne du monde, est-ce qu’on vous en parle beaucoup autour de vous ?

Un petit peu (rires). Ceux qui m’ont suivi m’en parlent forcément beaucoup, ils savent tous les sacrifices que ça demande et à quel j’étais investie depuis longtemps. Je suis assez discrète, je ne suis pas quelqu’un qui me montre beaucoup et qui parle beaucoup de mes ambitions. Je garde beaucoup de choses pour moi.

En ce moment, c’est retour à l’entraînement ? Ou avez-vous pris le temps d’une petite pause bienvenue ?

J’avoue que j’ai pris un peu de temps pour me reposer (rires). Émotionnellement, c’était tellement fort, j’avais besoin d’être seule chez moi pour prendre le temps de réaliser. C’est une pause nécessaire, pour reprendre plaisir lorsque je retournerai à l’entraînement. Car sur la fin de la préparation pour la finale mondiale, il n’y avait pas beaucoup de plaisir, c’était devenu un travail. J’étais obsédée par ça.